« Jeunes à la limite des institutions », « adolescents très difficiles », « cas complexes »… Les termes sont multiples pour désigner les jeunes « incasables », qui mettent en échec les accompagnements des professionnels et les institutions amenées à les prendre en charge (ASE, PJJ, services de pédopsychiatrie, établissements médico-sociaux, etc.).
Derrière ces termes, cohabitent différentes situations : jeunes en errance, jeunes qui multiplient les lieux d’accueil (domicile familial, hospitalisation, lieux de vie…), jeunes accompagnés mais pour lesquels se succèdent crises et conflits, jeunes qui s’échappent et fuient les institutions… A la souffrance de ces jeunes et de leur entourage, s’ajoute le désarroi et le sentiment d’impuissance des professionnels. Si ces situations sont réputées peu nombreuses, elles interpellent, de fait, les institutions. Comment les repérer, comment les prendre en charge, comment mieux travailler entre institutions pour améliorer leur accompagnement ?
Afin de saisir les profils et les parcours institutionnels de ces jeunes et d’établir une estimation de leur nombre en France, la DGCS nous a confié cette étude qui s’est articulée autour de plusieurs modules méthodologiques. Une large enquête par questionnaire a été menée auprès d’institutions et établissements en contact avec ces jeunes sur l’ensemble du territoire national (plus de 2000 questionnaires reçus); des « études de cas » ont été réalisées à partir de 24 situations de jeunes en situation d’ « incasabilité » (entretiens auprès des jeunes, de leurs familles, de professionnels les ayant accompagnés); enfin, des entretiens avec des acteurs institutionnels engagés dans la mise en place d’actions repérées comme innovantes ont complété le recueil d’informations.