L’accueil familial constitue aujourd’hui le premier mode de placement des enfants pris en charge en protection de l’enfance : plus de 70 000 d’entre eux vivent en famille d’accueil. Et pourtant, l’activité d’assistant familial est longtemps restée mal définie d’un point de vue législatif, tout en étant mal connue du grand public comme des intervenants sociaux.
Il y a 20 ans, la loi du 27 juin 2005 venait marquer une évolution importante, en se donnant pour objectif d’accroître la professionnalisation de l’activité. Cette professionnalisation constitue une spécificité française : le choix de faire de l’accueil familial une profession à part entière n’a en effet rien d’évident, car cela suppose une étroite imbrication entre la sphère privée et la sphère professionnelle. Cette particularité brouille complètement les normes et repères habituels en matière de droit du travail : ce mélange des registres vient questionner tant les conditions de travail dans leurs aspects très matériels – temps de travail, rémunération, congés, etc. – que les pratiques et postures professionnelles.
Pour éclairer ces questionnements, la DREES nous a confié une étude qualitative d’ampleur : nous sommes allés à la rencontre de 60 assistant.e.s familiaux.ales, dans 5 départements. Ces entretiens approfondis ont permis de reconstituer leurs trajectoires et ce qui les a poussé.e.s vers le métier, de mieux saisir les conditions concrètes d’exercice de leur profession, et enfin d’interroger leurs positionnements et leurs pratiques, en tension permanente entre posture familiale et posture professionnelle.